Nous sommes faits d'orage

C'est l'histoire de Sarah, jeune scientifique islandaise qui vient tout juste de débarquer en Albanie, un pays dont elle ne connaît rien. Mais sa mère en était originaire et elle vient de mourir en lui laissant un double mystère en héritage : d'abord la clé d'une maison située dans un village sans nom, perdu en haut des montagnes, et l'injonction d'y retrouver la trace d'une certaine Elora. On découvre le pays et son histoire récente en même temps que Sarah. Le roman navigue donc entre les années 1970 et aujourd'hui. On y reconstitue peu à peu l'histoire de Sarah, de sa famille et de son village, l'histoire de cette mystérieuse Elora, et plus généralement l'histoire de l'Albanie qui a connu, jusque dans les années 1990, une terrible dictature communiste, avec son cortège de dénonciations, d'arrestations arbitraires et de résistance. On découvre surtout les us et coutumes de cette région reculée, les légendes et les croyances qui sont savamment imbriquées dans la narration. Chaque personnage, pour le meilleur ou pour le pire, est viscéralement lié à cette terre rude et belle que manifestement on ne quitte jamais complètement. On y découvre aussi le Kanun, cet ensemble de lois tribales qui régissent la vie des habitants de cette région reculée et imposent entre autres la vengeance du sang (qui, si elle ne s'applique pas aux femmes et aux enfants, réduit considérablement l'espérance de vie des hommes). Il est fascinant de voir la violence avec laquelle la dictature et la tradition ancestrale se sont heurtées et les immenses traumatismes que ce chaos a laissés. Nous sommes faits d'orage est un livre qui se dévore, qui vous absorbe dès la première ligne et vous recrache presque 400 pages plus tard. Un bon roman aux personnages attachants qui vous promet une véritable aventure.