Littérature française

Jean-Baptiste Gendarme

Un éclat minuscule

photo libraire

Chronique de Patrick De Sinety

Pigiste ()

Le troisième roman de Jean-Baptiste Gendarme s’ouvre sur un drame, un accident de la circulation survenu dans « une rue étroite à deux pas de la grande place Mohamed Ali à Alexandrie, en Égypte. » , qui ne serait qu’un banal fait divers s’il ne devenait le motif romanesque d’une réflexion sur la peur, ou sur cette espèce de sidération individualiste qui empêche d’affronter le réel. Stéphane se tient au côté de Clémence, sa compagne, étendue sur le trottoir après avoir été heurtée par une voiture. Elle ne réagit plus, et lui ne réagit pas davantage pour tenter de la sauver, paralysé par l’intrusion d’un réel inédit, en tout cas par la rupture brutale d’avec le réel aseptisé, surprotégé et finalement irréel qui caractérise son quotidien ; et tranche par ailleurs radicalement avec le réel, égyptien en l’occurrence, dans lequel le projette son voyage. Malgré les admonestations de la foule qui le presse de réagir, Stéphane attend, paralysé, dans une sorte de suspension mortifère, métaphore d’une malédiction contemporaine.

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