Littérature étrangère

Lydia Millet

Lumières fantômes

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photo libraire

Chronique de Stéphanie Banon

Librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer)

Lumières fantômes est le troisième roman de Lydia Millet, il est publié au sein de l’excellente collection « Lot 49 » du Cherche Midi. Dans ce deuxième volet d’une trilogie qui a commencé avec Comment rêvent les morts, elle poursuit son exploration de l’homme et de la société.

Hal Lindley, la cinquantaine, est employé du fisc américain. Il est marié et père d’une jeune fille de 20 ans, handicapée suite à un accident de la route. Plusieurs événements viennent brutalement ébranler la vie bien réglée de Hal. Le patron de sa femme, Thomas Stern, a mystérieusement disparu dans les forêts du Belize. Cette situation perturbe grandement son quotidien, car Susan, son épouse, est totalement obsédée par la disparition de Stern. À cela s’ajoute la soudaine découverte de l’infidélité de Susan avec son jeune assistant, et celle du métier de sa fille qui, en fait d’être employée par une société de télémarketing, est hôtesse de téléphone rose. Chamboulé par ses découvertes, Hal décide sur un coup de tête et passablement éméché de partir dans la jungle bélizienne à la recherche de Thomas Stern. En vingt-quatre heures, il atterrit au Belize – pays d’Amérique latine ravagé par la pauvreté, la délinquance et les ouragans –, organise une journée de recherche, rencontre une étrange famille allemande et se fait parachuter au cœur de la jungle avec l’armée où il se lance à la recherche de Stern. Pourtant, la vraie motivation de cet étrange périple reste le besoin qu’il éprouve de rester seul. Cette succession d’épisodes rocambolesques suscite chez lui de nombreuses réflexions sur le sens qu’il a donné à sa vie, sur son rôle de mari et de père, sur ce qu’il veut faire du reste de son existence… En catapultant un pur produit de la société de consommation au cœur de l’univers sauvage représenté par la forêt sud-américaine, Lydia Millet initie un questionnement sur l’homme du xxie siècle. La plume est incisive et poétique à la fois. Une nouvelle voix féminine s’affirme dans la littérature américaine, une voix qui exhorte au réveil des consciences.