Littérature étrangère

José Carlos Somoza

L’Appât

illustration
photo libraire

Chronique de Stéphanie Banon

Librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer)

L’Appât, neuvième roman de l’Espagnol José Carlos Somoza traduit en français, vous étonnera si vous découvrez l’auteur, et ne vous décevra pas si vous l’attendiez. « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs » Comme il vous plaira, II,7, W. Shakespeare.

L’imagination débridée de José Carlos Somoza ne cesse de nous dérouter et de nous étonner à chaque nouveau roman. Il change d’univers comme de chemise, et c’est réussi à chaque fois. Dans Clara et la pénombre, il explore et récrée le monde de l’art à travers les œuvres de Rembrandt, avec Daphné disparue, il nous offre un thriller littéraire, et dans La Théorie des cordes, il revisite les lois de la physique – et encore ceci n’est-il qu’un échantillon ! Dans L’Appât, l’auteur s’attaque à son auteur favori… et ce n’est pas chose facile lorsqu’il s’agit de rien moins que sir William Shakespeare ! Il est vrai que le théâtre shakespearien, véritable exploration de l’âme humaine, reste toujours insondable, alors que beaucoup ont travaillé à décrypter ses codes et ses messages cachés. Ici, Somoza prend l’initiative de rendre hommage à l’homme de théâtre, hommage qui prend la forme d’une intrigue policière. L’action se déroule à Madrid dans une unité de police très spéciale, dont Diana Blanco est l’un des meilleurs éléments. Son travail consiste à être « appât », c’est-à-dire attirer le criminel dans un piège au moyen de méthodes peu conventionnelles. Mais, me direz-vous, quel rapport avec Shakespeare ? Eh bien c’est ici que José Carlos Somoza nous surprend. Le travail de cette équipe ultramoderne base son entraînement sur les codes théâtraux élisabéthains, en particulier les désirs de l’homme, ses travers et sa psyché. C’est donc dans un théâtre que les agents sont formés à utiliser au mieux les techniques de « masque », le but étant de réveiller les désirs de l’adversaire pour le rendre vulnérable. Diana était sur le point de tout arrêter, lorsqu’elle apprend que sa petite sœur, qui suit la même voie professionnelle qu’elle, est aux prises avec l’un des plus redoutables tueurs en série auquel Madrid aie jamais été confrontée. On le surnomme le « Spectateur ». Elle va donc tout mettre en œuvre pour l’attirer au moyen de ses talents d’appât.