Après Le Bourreau de Gaudí (Actes Sud), Aro SÁinz de La Maza retourne dans les rues de Barcelone pour un formidable polar mené de main de maître par l’inspecteur Milo Malart, que l’on découvre (ou retrouve) avec plaisir dans cette nouvelle enquête.

L’Espagne est en crise financière. Le chômage touche une grande partie de la population, laissant derrière lui misère et souffrance. C’est au cœur de ce malheureux contexte que la police découvre dans un parc le cadavre d’une jeune étudiante étranglée et cachée sous des feuilles mortes. Milo Malart, qui ne s’est pas remis de l’éprouvante affaire dite du « bourreau de Gaudí », est responsable de cette enquête. Les moyens de la police étant au plus bas, il doit dans le même temps régler une histoire de meurtre de chien, que ses supérieurs semblent juger plus importante (car plus médiatisée) que l’assassinat de cette femme. Épuisé par la détresse d’autrui, l’inspecteur Malart entretient des relations plutôt étranges avec ses semblables. Il essaye de rester détaché, mais est submergé par cette crise et ses victimes. Milo Malart est un homme furieux, enragé, qui ne supporte plus les politiques corrompus, leurs amis banquiers ou avocats, et l’inégalité flagrante qui règne dans les rues de Barcelone. Il choisit de se dresser contre le système pour pouvoir faire entendre sa hargne et son dégoût du monde. Même si le roman ne laisse pas transparaître cela au départ, cet aspect politique et social prend peu à peu une place importante, faisant d’un bon roman policier l’extraordinaire histoire d’un homme engagé qui souhaite, plus que tout, obtenir le pouvoir nécessaire pour mettre fin à ce système et bousculer ses cyniques acteurs. Même sans avoir lu l’enquête précédente de l’inspecteur Malart, ce polar ne pose pas de problèmes de compréhension et donne envie de découvrir la fameuse histoire du bourreau de Gaudí. Aro Sáinz de la Maza dépeint une Espagne détruite par la récession, bien loin des photos paradisiaques des cartes postales.