Littérature étrangère
John Boyne
Les Éléments

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John Boyne
Les Éléments
Traduit de l'anglais (Irlande) par Sophie Aslanides
JC Lattès
20/08/2025
650 pages, 23,90 €
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Chronique de
Chloé Dolain
Librairie Coiffard (Nantes) - ❤ Lu et conseillé par 21 libraire(s)
✒ Chloé Dolain
(Librairie Coiffard, Nantes)
À travers quatre personnages représentant les quatre éléments que sont l’eau, la terre, le feu et l’air, John Boyne nous offre une fresque incroyable en jouant autour des notions de culpabilité et d’innocence. Et comme toujours avec cet auteur, c’est tout aussi saisissant que brillant.
Comme le dit l’expression, il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cette expression avait servi de titre à l’un des précédents romans de John Boyne mais elle aurait pu aussi convenir à ce roman-ci, du moins dans sa première partie. Hasard ou non, on retrouve justement une des situations d’Il n’est de pire aveugle dans « Eau », la première partie des Éléments. On y suit Vanessa Carvin, une mère fuyant sa vie passée, sa famille et jusqu’à son identité en devenant Willow Hale. Elle se réfugie sur une petite île irlandaise et tente de repartir de zéro. Puis dans « Terre », c’est Evan Keogh que l’on va découvrir, footballeur star du championnat anglais, au moment où s’ouvre son procès ainsi que celui d’un de ses plus proches coéquipiers. Dans la partie « Feu », on suit Freya Petrus, médecin au caractère dur et impassible, spécialiste des grands brûlés, qui cache des plaies et des secrets des plus brûlants. Enfin dans « Air », Aaron Umber prend l’avion avec son fils Emmet pour rejoindre l’Irlande depuis l’Australie et ce voyage pourrait bien changer leurs vies. C’est un véritable roman choral que délivrent ces quatre personnages qui vont parfois se croiser, chacun étant un élément plus ou moins important dans la vie du précédent et du suivant. Chacun incarne particulièrement bien l’élément qui lui est attribué et avec beaucoup de caractère : on sent la terre avec Evan et pas seulement au bout de ses crampons, tout comme le feu est immensément présent dans la vie de Freya et pas uniquement parce qu’elle soigne des grands brûlés. À travers les actions de ces quatre protagonistes, John Boyne nous interroge sur leur culpabilité, leur innocence, les voyant tour à tour comme des proies puis des monstres, abordant les sujets les plus sensibles. Il nous montre aussi, comme dans tous ses romans, la violence et la cruauté de l’âme humaine, tout autant que la bonté et l’empathie. On n’a d’ailleurs de cesse d’apprécier puis de détester ses personnages. La force de l’écriture de John Boyne réside aussi dans le suspense qu’il arrive toujours à instiller brillamment : on ne s’attend jamais à toutes les péripéties qui vont arriver à ses personnages mais elles interviennent avec énormément de justesse et de talent. Ce roman est assurément une pépite de la rentrée littéraire et John Boyne un des meilleurs « éléments » de la littérature contemporaine.