Littérature française

Alain Blottière

Comment Baptiste est mort

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Chronique de Cécile Coulette

Librairie Rive gauche (Lyon)

Baptiste n’est plus. C’est lui-même qui le martèle à son interlocuteur : « Baptiste est mort, je suis Yumaï ! » Sauf que l’interlocuteur de Baptiste n’a de cesse, lui, de vouloir le retour de Baptiste et la mort de Yumaï. Dans un huis clos sobre et désarmant de sang-froid, on assiste fasciné à une joute verbale terrifiante où chaque réplique est une arme. C’est oppressant et troublant, car l’issue de la bataille reste incertaine. Baptiste a été enlevé, enrôlé, puis libéré. Mais la transformation radicale subie par l’adolescent semble irrémédiable. La fascination du mal est au cœur de ce récit, qui bouleverse par son réalisme. On le lit d’une traite, comme on lirait un thriller. On voit la scène, les personnages, comme dans une pièce de théâtre. On pense à notre monde et son actualité brûlante. On pense au Quatrième mur de Sorj Chalandon (Le Livre de Poche) et à L’Orangeraie de Michel Tremblay (Folio). Et, si Alain Blottière a reçu le prix Décembre, on se dit que la littérature est récompensée à sa juste valeur.

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