Littérature française

Céline Minard

Bacchantes

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photo libraire

Chronique de Sandra Girault

Librairie Privat (Toulouse)

Une cave mondialement réputée pour contenir les bouteilles de vin les plus chères du monde, un trio de braqueuses déjantées, un ancien ambassadeur pas très diplomate et une enquêtrice zélée, nous sommes bien dans le nouveau roman de Céline Minard et ça dépote !

Pour cette rentrée d’hiver, Céline Minard revient avec un nouveau texte et une nouvelle ambition littéraire. Après avoir exploré l’univers de la chevalerie dans Bastard Battle, la dystopie dans son roman d’anticipation Le Dernier Monde, la pastorale et le western dans Faillir être flingué (Prix du livre Inter 2014), l’auteure s’essaie au roman de braquage. L’histoire se déroule à Hong Kong, avant l’arrivée du typhon Shanshan. Les forces de l’ordre font le siège devant d’anciens bunkers britanniques de la Seconde Guerre mondiale, transformés en cave à vin de luxe, super moderne et hyper sécurisée, dont le contenu représente plusieurs centaines de millions de dollars. L’ancien ambassadeur Ethan Coetzer, propriétaire des lieux, accompagne la brigade d’intervention chargée de négocier avec les braqueurs. Les malfaiteurs se révèlent être trois femmes : la bombe spécialiste des explosifs, la clown un peu déjantée qui aime les déguisements bigarrés et la brune, créature sexy moulée dans une robe fourreau noire. Leurs motivations sont floues. Il semblerait qu’elles recherchent la beauté et le plaisir de jouissance absolue. Ces bacchantes, tout droit sorties de la pièce d’Euripide, adoratrices de Dionysos (Bacchus dans la mythologie romaine), dieu de la vigne, du vin, de la folie et de la démesure, s’amusent de la situation, font sauter les bouchons de Romanée Conti 1969 et jouent aux quilles avec les bouteilles. Le rythme est soutenu, la tension à son comble mais on s’amuse follement à les regarder détruire ces objets de valeur collectionnés pour le seul plaisir de quelques milliardaires privilégiés. Céline Minard écrit un court roman qui s’avale d’une traite ! Pas de temps mort et un plaisir dionysiaque à lire ce texte bref qui se déguste comme un bon vin !