Zem

Laurent Gaudé est un écrivain prolifique, dramaturge, romancier et nouvelliste. Son œuvre, riche, touche différents registres. Avec Chien 51, il nous avait offert une dystopie : un monde menaçant dans lequel la technologie avait pris le pas sur les humains. Zem, ce second volet, prolonge ce voyage dans la mégalopole de Magnapole et nous permet de retrouver Zem et Salia, trois ans après leur rencontre et leur première enquête. Zem n’est plus policier, il assure désormais la sécurité de Barsok, le chef de la Commission des Grands Travaux. À l’approche de la journée qui doit célébrer l’avancée des Grands Travaux, une macabre découverte est faite dans un conteneur. Zem et Salia, de nouveau réunis sur l’ordre de Barsok pour découvrir la vérité sur ce qui pourrait être un attentat contre la sûreté de l’État, vont finalement découvrir une autre vérité, celle d’un régime qui, pour offrir le bonheur à ses citoyens, se construit sur l’exploitation de milliers d’autres. Dans ce monde postmoderne où les dômes climatiques et les ensemencements de nuages permettent aux humains de survivre, Laurent Gaudé n’invente malheureusement rien et ne fait que mettre en scène un monde dans lequel la technologie dirige la vie de ses habitants. Mais Zem et Salia, ces deux êtres cabossés qui s’abîment sur les rives de ce nouveau monde, n’ont pas oublié l’ancien, avant son rachat par le consortium GoldTex. Ils rêvent même de le retrouver. L’écriture sous tension de Laurent Gaudé nous fait superbement ressentir le sentiment de résistance de ces deux héros. La résistance naît d’abord en chacun d’entre nous : Zem et Salia nous démontrent, par leurs actes, qu’aucune technologie ne peut nous faire abdiquer. L’écrivain s’inscrit ainsi pleinement dans le monde quand il nous alerte sur son devenir.