Jeunesse

Claire Castillon

Proxima du Centaure

illustration

Chronique de Mélanie Blossier

Librairie Doucet (Le Mans)

Il y a des romans qui étonnent par le style de l’auteur, par la voix du narrateur, par le portrait des personnages, par le lieu de l’intrigue ou leur fin. Proxima du Centaure peut étonner pour toutes ces raisons !

À l’heure où les romans d’enfants malades peuvent lasser, Claire Castillon et les éditions Flammarion Jeunesse vont pourtant vous surprendre ! Wilco est un adolescent qui ne mesure ni le danger de ses actions, ni la bêtise de ses idées. Il est amoureux d’une fille et trop intimidé pour lui parler, il préfère l’observer de sa fenêtre quand elle passe devant chez lui pour aller au collège. Seulement, un matin, Wilco se penche trop et tombe. Sa chute ayant été ralentie par le balcon de la voisine du dessous, il a le corps « brisé, des orteils au tronc cérébral […] mais sans doute que si [il était] tombé directement du cinquième au trottoir, [il aurait] en plus cassé [ses] lunettes ». Commence alors le calvaire du jeune homme allongé dans une chambre, bloqué dans une coquille en plastique, pouvant à peine cligner de l’œil et encore moins communiquer avec quiconque. Son entourage défile dans sa chambre décorée par sa mère angoissée. Son père devient bavard, sa sœur regrette chaque fois où elle lui a crié dessus et enfin son meilleur ami Vadim lui promet de tout faire pour convaincre Nicole, « la » fille, de venir le voir. Prisonnier de son corps, l’adolescent de quinze ans ne peut que réfléchir à la vie, se souvenir grâce à des odeurs qui sont pour lui des madeleines de Proust, avoir des regrets, faire des vœux et surtout divaguer et imaginer, quitte à subir une lancinante frustration, ce que ses amis peuvent faire pendant ce temps-là. La voix intérieure de Wilco est vive et drôle, et ce gamin est touchant par son imagination débordante et le sarcasme qui est son arme massive dans cette situation dramatique. Une chose est sûre, ce personnage marque le lecteur et son histoire ne laisse pas indemne car « le recours à la fiction est efficace pour développer ses idées sur le monde ».

Les autres chroniques du libraire