Littérature étrangère

Emilia Hart

La Maison aux sortilèges

illustration
photo libraire

Chronique de Roméo Van Mastrigt

Librairie Au vent des mots (Lorient)

C’est l’histoire de trois femmes, trois destins, trois époques. La Maison aux sortilèges met en scène un trio d’héroïnes confrontées à la violence des hommes dans un roman envoûtant, parfait pour l’automne.

Elles s’appellent Altha, Violet ou Kate. La première attend le verdict de son procès pour sorcellerie. La deuxième est une petite fille fascinée par les insectes et les oiseaux, coincée dans un château en pleine Seconde Guerre mondiale, tandis que la dernière, à notre époque, fuit un compagnon violent et trouve refuge dans une vieille bâtisse abandonnée. Quel secret partagent donc ces trois femmes, séparées par plus de 400 ans d’Histoire ? Dans son premier roman La Maison aux sortilèges, Emilia Hart donne la parole à trois femmes attachantes et courageuses, confrontées à la violence masculine. L’autrice n’est pas tendre avec ses personnages, tantôt agressées, injuriées ou forcées par les hommes. Leur réconfort se trouve dans la nature, dans les cliquetis des pattes d’une araignée sur le plancher, le cri d’une corneille dans la brume ou le parfum d’un sycomore au petit matin. Il y a matière à sentir, à voir et à toucher dans ce roman dont l’ambiance se situe entre le gothique et le réalisme magique. Le lecteur, hypnotisé par les belles descriptions d’une nature luxuriante, se laisse bercer par les quelques fragments de fantastique qui émaillent le récit. On se laisse happer par l’alternance rapide des chapitres, un pour chacun des trois femmes, dont l’allure confère au roman un formidable rythme. Petit à petit, alors que les personnages renouent avec leurs envies, leurs désirs et trouvent leur place dans le monde, se dévoilent les pièces du puzzle qui lient nos trois héroïnes. Se dessine alors devant nos yeux une ambitieuse fresque, un triptyque au féminin où les femmes du passé aident celles du présent. Altha, Violet et Kate ne sont pas si différentes et c’est à travers la passion des livres qu’elles le découvriront et qu’elles s'épauleront à travers les années. Nul doute que l’ambiance automnale, les inspirations écoféministes et la pincée de sorcellerie qui font de ce roman une excellente surprise saura trouver un public particulièrement friand de ces thématiques.