Littérature étrangère

Rabindranath Tagore

Kumudini

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photo libraire

Chronique de Aurélie Paschal

Pigiste ()

Publié en 1929 en bengali, ce roman de Tagore fut traduit en anglais en 2003. Les éditions Zulma publient ce merveilleux texte à l’occasion du centenaire du prix Nobel de littérature. À lire absolument. Kumudini et son frère Vipradas sont issus d’une famille aisée. Mais Vipradas est malade et ne peut plus s’occuper des terres familiales. La fortune s’envole et il leur faut trouver une solution pour survivre. Madhusudan demande alors la main de cette très jolie jeune femme qu’est Kumudini. Leurs familles se sont toujours détestées : celle de Kumudini, autrefois très riche, périclite, tandis que celle de Madhusudan, d’une caste inférieure, s’enrichit. Kumudini ne songe qu’à son conte de fées sans jamais penser à mal. Mais la réalité va la rattraper. Séduite à l’idée de se marier, Kumudini ignore qu’un homme peut se montrer cruel et méchant, loin du séduisant prince charmant qu’elle avait imaginé. Un texte poignant basé sur la psychologie des personnages plus que sur le contexte politique. Même si celui-ci est tout de même présent en trame de fond, il ne constitue pas le propos central du roman. Tagore y traite de la déplorable condition de la femme dans son pays. Kumudini est entièrement basé sur les rêves et les désillusions de cette jeune femme prise entre la réalité et sa volonté de vivre un conte de fées, comme l’ont vécu Krishna et Radha, deux figures de la mythologie hindoue. Kumudini est fascinée par son frère et ce dernier a toujours voulu qu’elle acquière une bonne éducation. Il semble s’en vouloir de devoir la marier à cet homme, la réduisant ainsi à sa plus simple condition de femme. Ce texte est l’un des romans les plus proches de l’auteur : lui aussi a dû faire un mariage arrangé, ce qui l’a souvent dérangé et le fait s’interroger. Les amateurs de Tagore seront sous le charme et les lecteurs qui n’ont jamais été portés par ses mots pourront commencer par ce roman avant de découvrir le reste de sa prose.

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