Littérature étrangère

Vito Bruschini

Father

illustration
photo libraire

Chronique de Aurélie Paschal

Pigiste ()

Dire que le roman de Vito Bruschini est un livre qui raconte l’histoire de la mafia serait réducteur. Il s’agit d’un grand roman historique, qui nous promène des paysages champêtres de la Sicile aux trottoirs du Bronx.

Au cœur de la Sicile du début des années 1920, un village est dirigé de main de fer par l’aristocratie locale. Cette dernière ne peut imaginer, ne serait-ce qu’un instant, perdre le moindre de ses avantages. Mais en cette période de bouleversements sociaux et de montée du communisme, le peuple cherche à accéder à la propriété des terres appartenant aux riches. Comment pourraient-ils sauvegarder leurs biens ? Les aristocrates sont d’avis de se défendre par la force. Mais l’un d’entre eux, le prince Ferdinando Licata, propose une tout autre solution, moins violente mais beaucoup plus machiavélique : les aider à se regrouper en coopératives, financer ces dernières et faire en sorte que les paysans aient sans cesse besoin de l’argent des riches. Ainsi, les aristocrates auront la main mise sur la propriété des plus pauvres. C’est ainsi qu’est née la Mafia, dont le prince Licata, alias U Patri, prit aussitôt la tête. Quelques années plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate et la déferlante fasciste dévaste l’Italie. U Patri quitte son pays natal pour l’Amérique, qui lui paraît beaucoup plus accueillante : un pays libre où il pourra gérer ses affaires en toute impunité. Il installe alors son fief à New York. Dans le Bronx, U Patri deviendra The Father.

Un grand roman passionnant, envoûtant, qui nous plonge aux origines de la mafia, un milieu sur lequel nous pensions tout savoir. Et pourtant… Une galerie de personnages tous plus singuliers les uns que les autres, au premier rang desquels Licata, un prince qui apparaît sympathique et élégant malgré ses manières fortes. Vito Bruschini est journaliste et maîtrise à merveille son sujet. C’est cela qui rend ce roman passionnant, car il permet aussi de mieux appréhender les relations italo-américaines et germano-italiennes durant la Seconde Guerre mondiale. Un rythme effréné, une écriture fluide, un secret que l’on aimerait découvrir… ce sont là tous les ingrédients dont le lecteur a besoin pour être happé.

Les autres chroniques du libraire