Littérature étrangère

Maria Stepanova

En mémoire de la mémoire

photo libraire

Chronique de Florence Reyre

Librairie Du côté de chez Gibert (Paris)

Un attrape-mémoire est un papier tue-mouche bien collant selon l'autrice. Débute alors une plongée dans des documents conservés par une tante : images et menus objets, lettres d'amour, de séparation ou de réconciliation, comme autant de traces des membres d'une famille depuis longtemps disparus ; une famille juive russe ayant survécu à toutes les avanies du XXe siècle et dont l’arrière-grand-mère participait à la révolution de 1905. Cette immersion dans le passé entraîne une réflexion sur la mémoire, sur les images, les autoportraits, les films, les récits, sur notre perception contemporaine de la mémoire. C'est un livre incroyablement intelligent, érudit et visuel qui donne sans cesse envie de découvrir un artiste, une œuvre inconnue ou de simples poupées de porcelaine, le monde littéraire russe et tant d'autres penseurs. La richesse du propos et sa fluidité emportent le lecteur sur les pistes d'une réflexion fantasque : tout se tient et pourtant tout est imprévu comme le chemin de souvenirs émergeant à la conscience.

illustration