Littérature étrangère

Christoph Ransmayr

Cox ou la course du temps

photo libraire

Chronique de Florence Reyre

Librairie Du côté de chez Gibert (Paris)

Un coup de cœur pour ce conte philosophique sur la fuite du temps et la folie des hommes de prétendre l’arrêter. Fugit irreparabile tempus.

Première sélection du Prix Femina 2017

 

Au XVIIIe siècle, en Chine, il y eut un empereur qui voulut être le maître du temps. Il collectionna des centaines de pendules, horloges et automates. Un jour, il fit venir auprès de lui un maître horloger anglais du nom de Cox et deux compagnons. C’est cette histoire que nous conte Christoph Ransmayr, renouvelant une fois de plus sa manière d’écrire, son art du récit. Cet écrivain rare et styliste éblouissant prend des manières de conteur extrême-oriental pour nous faire entrer dans l’extraordinaire Cité interdite. Le deuil de Cox, orphelin de sa petite fille, son désespoir quotidien se dissolvent dans la réalisation d’objets mesurant le temps d’un raffinement incroyable. Les ordres de l’empereur sont aussi poétiques que leurs résultats. Peut-on enfermer le temps ? Peut-on mesurer le temps d’un enfant et celui d’un mourant ? Autant de questions qui tourbillonnent dans ce roman. L’empereur arrêta le temps, l’été devait toujours durer. Malgré l’autorité impériale, il y eut cependant une fin à cette belle histoire : même l’empereur de Chine doit obéir à la raison politique, aucune ressource n’étant intarissable. Ainsi se termine cette fable philosophique, vrai roman et courte leçon de vie.

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