Littérature étrangère

Henning Mankell

Un paradis trompeur

photo libraire

Chronique de Marion Schehr

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Le destin incroyable d’une Suédoise qui, au début du xxe siècle, quitta son pays natal sans le sou et prospéra dans l’Afrique coloniale en mère maquerelle.

Hanna a grandi dans une famille pauvre de la campagne suédoise. Après une année de sécheresse et incapable de la nourrir, sa mère l’envoie sur la côte où elle lui promet un avenir meilleur. Elle a 17 ans. Plus tard, elle embarque sur un navire en partance pour l’Australie, mais débarque au Mozambique alors colonie portugaise. Mariée pour la deuxième fois et à nouveau veuve (après un premier très bref mariage sur le bateau), elle hérite d’une fortune et devient malgré elle responsable d’un hôtel de passe avec les filles qui y travaillent. Henning Mankell n’est jamais manichéen, c’est la force de ce livre. Il dépeint toutes les contradictions de cette femme perdue dans une société où les rapports sont sans cesse conflictuels – entre Blancs et Noirs, hommes et femmes, riches et pauvres – et où la peur et la méfiance faussent tout. L’héroïne est continuellement en lutte avec elle-même pour ne pas sombrer dans la facilité, le mépris de l’autre, la haine, le racisme. Tenter de sauver une femme noire emprisonnée sera pour elle bien plus qu’un combat contre les préjugés : un acte de rédemption. Un beau portrait de femme.

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