Littérature française

Vincent Almendros

Sous la menace

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Chronique de Cécile Roussilhe

Librairie A la Page (Vichy)

Sous la menace ressemble à une plaque de verglas sur la route. On s’avance en confiance, porté par la simplicité de l’écriture et, quand on commence à ressentir un malaise, il est trop tard, la voiture a dérapé.

Quentin, le narrateur, est un adolescent mal dans sa peau. À 14 ans, son corps change, son visage criblé d'acné suscite moqueries au collège : « la bête », pouffe-t-on à son passage dans la cour. Souvent, il est secoué de tics nerveux, surtout lorsque sa mère sur le qui-vive l'invective. De surcroît, son père est mort quelques années auparavant d'un accident de voiture. Événement dont il ne parle pas et qui lui vaut d'être sous la menace d'une exclusion du collège, suite à une bagarre avec un camarade qui le raillait à ce sujet. Cette menace s'infiltre dans le récit et, sous la simplicité apparente du texte, se propage en sourdine dans une atmosphère de malaise, soulevant d'autres menaces, plus souterraines, que les dires et les agissements de sa cousine, Chloé, attisent. Le temps d'un week-end chez ses grands-parents, sous la houlette de sa mère aux aguets et flanqué de Chloé dont la présence accentue son mal-être, Quentin va devoir affronter les démons qui le hantent et apprivoiser sa propre colère. L’écriture de Vincent Almendros, portée par la narration de Quentin, avec l’air de ne pas y toucher, distille des éléments forts qui se trouvent arasés par la banalité du propos, noyés dans l’ordinaire du quotidien. Ainsi, l’inquiétude de la mère qui transparaît dans son besoin de contrôle et son regard inquisiteur se révèle être d’une violence sournoise. « Je n'avais pas envie qu’elle m’empoigne par les cheveux ni me secoue la tête, cette fois. » Le ton laconique minimise la portée des attitudes qui, par leur équivoque, créent un sentiment de trouble affectant Quentin sans qu’il en ait conscience. Ce court roman, dont l’allure nonchalante frôle le tête à queue, souligne la force des non-dits, le poids du silence et la duplicité des êtres.