Littérature française

Michèle Audin

Oublier Clémence

photo libraire

Chronique de Magali Chiappone-Lucchesi

Librairie du Rond Point / Actes Sud (Paris)

Au départ, il y a cinq phrases. 405 caractères espaces compris. Des phrases d’archives, administratives : une note d’état civil de Clémence Janet, l’arrière-grand-mère de l’auteure. Michèle Audin leur redonne une intimité, leur histoire dans l’Histoire, mettant en avant chaque mot du fragment à la manière d’un photographe. Elle fait la mise au point sur une bribe de la notule et le reste du texte devient flou. Ce livre est aussi une œuvre graphique. C’est la France du xixe siècle, une France ouvrière, oubliée, transcrite ici dans la chair des métiers à tisser (Clémence était ouvrière en soie). Beaucoup de questions sont laissées en suspens dans cette enquête littéraire. Des questions qui donnent à penser l’époque et auxquelles un historien pourrait sans doute répondre, mais ce n’est pas ici le propos. Il s’agit de ne pas oublier Clémence et aussi, inévitablement de ne pas oublier nos propres ancêtres qui apparaissent, fantomatiques, à ses cotés.

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