Littérature étrangère

Andrea Wulf

L’Invention de la nature

photo libraire

Chronique de Géraldine Guiho

Librairie À la ligne (Lorient)

Lorsqu’une Anglaise née à New Delhi s’empare du destin d’un Allemand qui a parcouru l’Amérique et la Russie au début du XIXe siècle, cela donne un livre aussi passionnant qu’érudit.

Très célèbre en Allemagne, Alexander Von Humboldt est un peu oublié dans le reste du monde. Pourtant ce n’est pas faute de l’avoir parcouru, à une époque où l’aventure commençait déjà en franchissant le seuil de sa porte. Ami de Goethe, admiré par Emerson, Thoreau et Darwin qu’il a beaucoup influencés, on lui découvre, sous la plume d’Andrea Wulf, une personnalité ombrageuse, éprise de liberté et d’une curiosité obsessionnelle. Au cours de ses observations et de ses expérimentations, il acquiert la conviction visionnaire que le monde est un système dont la modification d’un seul élément peut bouleverser l’équilibre. C’est en cela qu’il « invente » la Nature. Il établit le premier un lien entre les activités humaines et ces bouleversements, poussant ainsi ses contemporains à réfléchir à la place de l’homme dans le réseau du vivant. Ces idées, qui semblent évidentes à l’heure du dérèglement climatique et de la disparition accélérée des espèces, étaient alors nouvelles et révolutionnaires. Richement documenté, agrémenté de reproductions de gravures, de tableaux et de dessins, L’Invention de la Nature est une superbe photographie de l’époque, en plus d’une biographie qui se lit comme un véritable roman.

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