Littérature française

Adrien Borne

La vie qui commence

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Chronique de Antoine Bonnet

Librairie Michel (Fontainebleau)

Un deuxième roman, c’est toujours plus compliqué et pourtant, succomber au deuxième volet de l’œuvre d’Adrien Borne n’est qu’une formalité. La vie qui commence est une merveille ! L’auteur explore une nouvelle fois, avec brio, la thématique de la mémoire et des secrets enfouis.

Mettre des mots sur les maux, c’est là tout le talent d’Adrien Borne. J’ai tout d’abord été conquis par son premier roman Mémoire de soie. (1936, Émile a 20 ans et part faire son service militaire. À la lecture de son livret de famille, c’est toute sa vie qui bascule. Se révèle à lui une famille frappée par la douleur, les secrets et le mutisme. Un réel talent d’écrivain se dégageait de ce livre, mêlant une très belle histoire, des personnages attachants, le tout lié par une écriture tout en retenue.) Dans ce deuxième roman, La vie qui commence, Gabriel, le narrateur, est le personnage central de ce texte. Ce roman, c’est son histoire. Il nous raconte avec rage et colère un traumatisme indicible, nous révèle le secret sur lequel est fondée sa vie. L’histoire d’un gamin de 12 ans dont l’enfance a été bouleversée, foudroyée par un homme, son moniteur de colo. Un après-midi d’été, Yannick, ce mono, fait face à lui sur le seuil de sa porte. Brutalement, la porte claque, Yannick reste dehors. Pourquoi ? Que s’est-il passé lors de ces vacances d’été ? Certainement une envie d’oublier, de zapper cet été où la vie a commencé trop tôt pour lui. Gabi porte alors sur ses épaules un lourd secret qui doit rester enfoui dans les abysses de sa mémoire. Néanmoins, vingt ans plus tard, alors qu’il aide son grand-père à vider sa maison, un secret en cache un autre. Lucien, son grand-père, a lui aussi un secret qu’il garde en lui depuis des années. En questionnant son grand-père sur son secret, c’est sa propre histoire qui revient par bribes. Des morceaux de puzzles refont surface, son passé rejaillit soudainement après deux décennies au placard. Gabriel commence, peu à peu, à mettre des mots sur ses souvenirs. Ces réponses peuvent-elles aider Gabi à se reconstruire, à renaître ? Adrien Borne nous livre, avec la retenue qui le caractérise, un deuxième roman bouleversant, puissant et envoûtant. À travers ses mots, il nous tend une perche, celle de s’accepter tel que l’on est et de faire d’un événement traumatique une force. Juste un dernier mot, foncez chez votre libraire !