Littérature étrangère

Allen Ginsberg

Howl

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Chronique de Bertrand Hugot

Librairie Le Serpent d'étoiles (Île d'Oléron)

Les éditions Bourgois sortent une nouvelle édition du Howl de Allen Ginsberg, avec une traduction révisée. L’occasion de redécouvrir ce texte phare de la Beat Generation, qui n’a rien perdu de sa force.

Dans ce texte halluciné, écrit en 1956, un jeune poète déverse toute sa colère, sa folie et son désespoir. Cette dizaine de poèmes est une attaque frontale contre l’Amérique des villes contemporaines qui broie les corps et les âmes, ces « grands esprits de ma génération détruits par la folie », et qui vient d’entrer en conflit ouvert avec le Vietnam, « Amérique quand mettrons-nous fin à la guerre humaine ? ». C’est aussi un cri de détresse devant le spectacle d’un monde violent et de ses « exigences insensées ». Société malade à laquelle Ginsberg oppose sa foi en la beauté et la pureté, « tout est sacré ». Mais c’est aussi un récit intime où le poète, homosexuel dans une société encore très conservative, livre son désir fou, sans tabou ni censure, où il est question « d’angéliques motards » et de ces « séraphins humains, les marins ». De fait, ces poèmes auront été écrits, du propre aveu de Ginsberg, « pour ceux qu’[il] connaissait personnellement ». Et il n’aurait jamais pu imaginer le succès considérable de ce recueil qui va connaître un tel retentissement qu’il transformera durablement son auteur en figure de proue de la poésie américaine de la deuxième partie du XXe siècle. Ami de Jack Kerouac, William Burroughs, Williams Carlos Williams, il deviendra en effet le porte-parole de cette génération d’artistes engagés qu’on regroupera sous le titre de Beat Generation. Alors pourquoi retraduire et relire Howl ? Pour ces visions prophétiques, folles, aux rythmes saccadés et impétueux. Pour ces trouvailles littéraires et ces images hallucinantes. Pour la beauté profonde de ces strophes pleines d’humanité. Pour ce cri insensé qui est à chaque lecture une redécouverte et qui fait de ce texte un chef-d’œuvre absolu. Au lecteur, ancien et nouveau, de choisir !