Jeunesse

Benoît Séverac

Une caravane en hiver

illustration

Chronique de Aurélie Bouhours

Librairie Au temps des livres (Sully-sur-Loire)

C’est un sujet omniprésent et pourtant ô combien sensible que celui des réfugiés. Benoît Séverac a donc pris un risque. Mais chapeau bas : ni bons sentiments, ni condescendance, juste des mots et une histoire.

Arthur, lycéen sans histoires, habite Toulouse. Il a des amis, fait partie d’une équipe de rugby, vit avec ses deux parents dans un pavillon d’une banlieue tranquille. Une vie confortable et heureuse, en apparence du moins. En effet, ses parents s’aperçoivent qu’Arthur a vidé les économies de son livret et que de l’argent disparaît de manière régulière dans leurs porte-monnaie. Ils décident de le faire suivre par un détective privé pour comprendre par qui leur fils est racketté. Le secret d’Arthur est très rapidement dévoilé. Il aide Adnan, un Syrien de son âge qui vit avec sa mère dans une caravane isolée sur un terrain abandonné. La mère d’Adnan, Nooda, est très malade. Les parents d’Arthur s’engagent à faire intervenir un médecin, ami de la famille, et à aider cette mère et son fils. Ils exigent en échange que leur fils arrête de voler, de mentir et qu’il se remette au travail. Petit à petit, cette famille française va découvrir, à travers l’histoire de Nooda et d’Adnan, le quotidien des réfugiés, les raisons de leur exil, les difficultés administratives, mais aussi la complexité des relations entre réfugiés syriens. Nooda refuse catégoriquement de faire une demande d’asile politique. Elle ne veut pas que quelqu’un puisse savoir qu’elle et son fils sont en vie, quelque part en France. Ils n’ont donc aucune existence légale. Adnan ne va pas à l’école. Une nuit, Nooda disparaît. Arthur et Adnan vont se lancer à sa recherche, sans se rendre compte des enjeux en présence, des dangers encourus. Le lecteur tremble pour eux. Les rebondissements s’enchaînent, les mensonges, les colères, les découvertes, les erreurs. C’est une lecture qui ne ménage pas les émotions. Un roman qui nous tient par son intrigue et qui bouleverse. Il y aura, pour chacun des lecteurs, un Adnan ou une Nooda derrière le mot abstrait de réfugié.