Littérature étrangère

Abdulrazak Gurnah

Paradis

photo libraire

Chronique de Tom Cherrière

Librairie La Maison jaune (Neuville-sur-Saône)

Paradis, c’est l’histoire de Yusuf, jeune garçon de 10 ans confié en gage de remboursement de la dette de son père à Aziz, un riche commerçant arabe. S’ouvre alors une vie faite de voyages bien étranges pour cet enfant : tantôt commerçant, tantôt accompagnateur des caravanes de marchandises. Mais le cœur du roman réside dans la description de la Tanzanie précoloniale. Les Russes y sont vus comme des barbares non civilisés tandis que les Européens sont décrits comme d’étranges personnes à la peau beaucoup trop claire et parlant une langue bien étrange. Paradis raconte un monde disparu, un monde d’avant la Première Guerre mondiale, quand les Tanzaniens possédaient leur pays, avant qu’ils ne soient enrôlés de force dans un conflit qui n’est pas le leur. Gurnah a écrit un roman sensible, rempli de paradoxes humains et de noirceurs mais paradoxalement beau et lumineux. Paradis se place comme un anti Au cœur des ténèbres de Conrad et nous fait du bien !

illustration