Auteur illustre depuis plus de trente ans et monument de la littérature américaine, Paul Auster nous offre ici son probable dernier roman. Baumgartner signe la révérence de l’auteur de l’inoubliable 4321.

Préparez-vous, en ouvrant Baumgartner à entrer dans un livre où la narration l’emporte sur l’action et où l’exploit romanesque cède sa place aux souvenirs. La vie de Sy Baumgartner, septuagénaire retraité, s’ouvre à nous : une vie de souvenirs, une vie de faits marquants mais aussi la vie de sa femme, morte dix ans auparavant d’un accident de baignade. À travers les 200 pages du livre, c’est toute une vie qui nous est racontée. Une vie nourrie d’un amour de quarante ans, dont le est deuil impossible pour notre personnage principal. Baumgartner, c’est aussi le dernier livre d’un romancier mourant. Paul Auster, malade d’un cancer depuis plus d’un an, a annoncé que ce roman serait probablement son dernier. Grâce à des procédés qu’il maîtrise parfaitement, Auster offre à son lectorat une dernière pépite qui retrace les thèmes chers à sa bibliographie : le souvenir, la solitude, les mises en abyme de récits, l’enlacement d’histoires dans des histoires. Les amateurs d’Auster retrouveront le personnage d’Anna Blume, héroïne du roman Le Voyage d’Anna Blume. C’est donc aussi un retour sur l’œuvre d’un colosse qui nous est offert. La plume est tantôt énervée tantôt mélancolique mais jamais caricaturale. Baumgartner est un roman non seulement maîtrisé mais qui sait aussi prendre des risques quand il le faut. C’est un chef-d’œuvre de l’art de la contemplation que nous lisons avec gourmandise. L’auteur de 4321 et de la Trilogie new-yorkaise s’étend, pour un dernier hommage, sur sa vie d’écrivain, celle d’un homme qui a toujours cherché à raconter les parts de hasard, d’accident qui font de l’humain un être empli d’incertitudes et de chagrin. C’est tout simplement splendide.