Littérature française

Pascal Fautrier

Les Rouges

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photo libraire

Chronique de Coline Meurot

Librairie L'Interligne (Lille)

Louis Blanc, Proudhon, Jean Jaurès, Léon Blum… autant de figures de la « vraie gauche », dont cette fresque familiale, qui retrace deux siècles d’histoire et six générations qui se sont battues pour leur idéal, interroge les parcours.

La lignée de militants dont Pascale Fautrier dresse le portrait prend sa source à Mailly-la-Ville, dans l’Yonne. Il y a d’abord Antoine le Jacobin, qui, en 1789, participe à la rédaction des cahiers de doléances. Après lui, chaque génération de Fautrier aura son combat à mener. Pascale Fautrier s’approprie la voix de sa grand-mère Madeleine pour nous raconter l’histoire de ses aïeuls, qui sont autant de « rouges », comme elle les appelle. Au début du xixe siècle, Antoine-Cyprien, petit-fils d’Antoine le Jacobin, entreprend son tour de France des compagnons. Au fil de ses rencontres, le jeune forgeron découvre le combat de ses frères artisans et ouvriers, en particulier les canuts, confrontés aux injustices du capital. L’Empire et la monarchie ont trahi les idéaux de la Révolution. Le peuple réclame la République. Pourtant, déjà, la gauche est prête à trahir. Ses représentants se divisent entre communistes et chrétiens, entre pro et anti collectivisme. En 1848, la République semble sur le point de reprendre les rênes de la France. Mais la désillusion arrive presque en même temps, lorsque le coup d’État de 1851 porte au pouvoir Napoléon III. Quelques années plus tard, c’est le jeune Camélinat qui décide de gagner Paris. Les coopératives, les syndicats et tout ce que la gauche compte de partisans se regroupent au sein de la Commune de Paris. La suite, on la connaît. C’est la mort de Jaurès, la Première Guerre mondiale et la Révolution d’octobre en Russie, la montée des fascismes européens et la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie et Mai 68, puis, comme un aboutissement, mai 1981 et l’élection de François Mitterrand… Durant toutes ces décennies, l’ennemi change de visage. Pourtant, on continue de se battre contre le même adversaire.