Littérature française

Alexandre Valassidis

Au moins nous aurons vu la nuit

Chronique de Cyrille Falisse

Librairie Papiers collés (Draguignan)

Difficile d’imaginer plus beau texte pour ouvrir le bal de la nouvelle collection de Gallimard, « Scribes », dirigée par Clément Ribes, qui aura pour vocation d’ouvrir la voie à des langues, des musiques, des voix singulières qui se font étranges ou étrangères aux normes : objets hybrides qui détricotent la littérature pour l’exposer sous un angle nouveau. Au moins nous aurons vu la nuit d’Alexandre Valassidis est si beau qu’il résonne intérieurement pendant la lecture. Ce livre est un chemin, un long monologue qui se diffuse dans la nuit comme une ombre sous une lumière feutrée. La langue gronde hors du temps, tenue, tendue, cyclique comme les râles ou les vagues qui frapperaient un vieux décor de cinéma. L’atmosphère qui se dégage de cette longue errance nocturne est impressionnante pour un premier roman. C’est une mélodie, avec des lignes de basses et des pauses, une longue fièvre qui emporte et nous offre « un passage secret entre deux mondes ».

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