Littérature française

Aurélien Delsaux

Pour Luky

Chronique de Cyrille Falisse

Librairie Papiers collés (Draguignan)

D’abord donner la parole à ceux à qui ne la reçoivent jamais. Leur mettre des mots dans la bouche. Comme si soudainement, une langue venait de naître. Puis les écouter, là-bas dans le sous-sol, le trou d’une banlieue de province, là où personne ne les cherche plus et où enfin ils osent décrire les voix qui les encerclent. Abdoul, Diego et Luky, trois adolescents de la marge, de la périphérie, de la zone comme on dit, racontent et se racontent. Déjà remarqué pour le brillant Sangliers (Albin Michel) qui évoquait les campagnes péri-urbaines et leurs populations bigarrées, l’auteur séduit une nouvelle fois par sa capacité à se faire le porte-voix sensible des invisibles. Aurélien Delsaux a été professeur. Il aurait pu se contenter de réciter des leçons. On imagine qu’il a aussi été attentif à la beauté des échanges, à leur spontanéité et à ce qu’ils portent en eux d’indicible tant son livre est électrique. Il transmet de l’énergie.

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