Jeunesse

Camille Osscini

Un avant-goût d'automne

Entretien par Letizia Frisina

(Librairie Lettres à croquer, Villeurbanne)

Alors que les jours raccourcissent et que notre emploi du temps s'apprête à s'emballer, il est bon de ralentir et d’observer les bonheurs qu’offre la vie : sortir se balader sous la pluie, passer du temps avec ses proches et lire un beau livre plein de poésie comme celui-ci, Danser avec les feuilles, nouvel opus de la série Les petits bonheurs de Charlie Blossom.

Comment est née Charlie Blossom ?

Camille Osscini Je crois que Charlie est née pendant le Covid ou en tout cas dans ce moment-là, d’un besoin de capturer l’ordinaire, de raconter les détails qu'on ne vivait plus. Le quotidien m’a toujours inspirée. J’avais envie d’écrire sur ces instants minuscules qui comptent plus qu’on ne le pense. Charlie, c’est un peu mon regard d’enfant que j’essaie de garder ouvert.

 

Comment travaillez-vous en binôme ?

C. O. Le texte vient toujours en premier. Je l’envoie à Julien, souvent un peu tremblante, en espérant qu'il l’aime. Julien, il est magique. Il lit entre les lignes, capte l’ambiance, les émotions cachées, le rythme que j’ai en tête. On se parle peu, on se voit rarement mais il y a une vraie confiance. Il comprend l’univers sans que j’aie besoin de l’expliquer. Et il ajoute sa touche : des détails, un clin d’œil visuel, une respiration que je n'avais pas imaginée. Tout est très fluide.

Julien Arnal C’est à chaque fois un petit bonheur de recevoir et de lire les textes de Camille. Sa poésie me touche profondément. Ce sont de véritables madeleines de Proust qui me ravissent et m’emportent à chaque fois. Quand Camille m’envoie son texte, dès la première lecture, des images me viennent en tête. Je les griffonne rapidement dans un carnet, ensuite, je laisse passer quelques jours, le temps que le projet mûrisse tranquillement dans un coin de ma tête, sans rien dessiner. Puis vient le moment du découpage : une version esquissée en noir et blanc de l’album. C’est sur cette base que nous échangeons avec Camille et notre éditrice, Marie-Amélie. Une fois cette étape validée, je passe à la mise en couleurs. Et là encore, c’est un vrai plaisir car le temps de chaque dessin, je me replonge dans mes souvenirs d’enfance. Quel régal !

 

Quels sont vos secrets de fabrication ?

C. O. Avant, j’aurais dit un café, mon iPad, de la musique dans les oreilles. Mais depuis, j’ai eu un bébé. Et je suis sur les routes, à travers le monde. Alors j’écris quand je peux. Des bribes, des notes sur mon téléphone, entre deux siestes, dans une salle d’attente ou au milieu de la nuit. Et un jour, ça fait un texte.

J. A. Je recommence souvent, encore et encore, jusqu’à trouver les bonnes couleurs, les ambiances justes, les expressions qui traduisent au mieux mes intentions. Et puis, j’essaie de plus en plus de laisser une porte ouverte aux petits accidents, aux imprévus du processus de création. C’est souvent là que la magie de la peinture opère, toute seule. Alors j’observe, je lâche prise et je laisse faire. Parfois il y a des hasards heureux. Parfois un peu moins.

 

Quel est votre saison préférée ?

C. O. Je les aime toutes. L’été pour les journées qui s’étirent, le printemps pour la vie qui reprend après l'hibernation, l’hiver pour les chaussettes épaisses et le chocolat chaud. Mais c’est vrai que l’automne a une place un peu particulière. Ses odeurs, ses couleurs, cette lumière dorée de fin de journée : il y a quelque chose de doux, de mélancolique et de joyeux à la fois.

J. A. En vrai, c’est l’automne, ses couleurs et ses ambiances mystiques. Il y a tout ce que j’aime, la pluie, les balades en forêt, la brume qui enveloppe et qui rend tout si mystérieux Alors quand j’ai reçu le texte de Danser dans les feuilles, j’étais aux anges.

 

Quelles sont vos inspirations ?

C. O. Le quotidien, clairement. Les petites phrases des enfants, les souvenirs qui reviennent sans prévenir, une odeur, une lumière. Mes filles sont une source infinie. Mais tout passe aussi par mes propres sensations d’enfant. Je crois que j’écris beaucoup à partir de ce mélange-là : ce que je vis aujourd’hui et ce que j’ai gardé en moi depuis longtemps.

J. A. Comme Camille ! Le quotidien et sa petite poésie. Ce n’est pas toujours simple mais j’essaie autant que possible de ralentir, de prendre le temps. Juste pour observer, écouter ces petits riens de l’instant, ces choses qui semblent insignifiantes mais qui, en réalité, sont tout. C’est cette poésie de l’instant qui m’inspire et que je tente tant bien que mal de retranscrire avec mes crayons et mes pinceaux.

 

Aura-t-on le droit à de nouvelles aventures ?

C. O. J’espère vraiment. Il y a encore plein de petites choses à dire, plein de sensations à attraper. Tant qu’il y aura des saisons à traverser, Charlie aura des aventures à vivre. Il faudra juste trouver le temps et les idées !

J. A. Camille a tout dit! 

 

 

Voici un album qui flirte avec la bande dessinée, parfait pour profiter de l'automne à venir et l'accueillir dans toute sa beauté et ses couleurs chatoyantes. Camille Osscini nous offre un texte hommage aux joies d'une journée sous la pluie à explorer les bois, mis en lumière par les magnifiques dessins de Julien Arnal. C'est un véritable plaisir de découvrir, à travers les yeux de Charlie et de ses grands-parents, les joies d'une journée pluvieuse. Alors que la pluie bat son plein, Charlie et son grand-père enfilent leurs bottes de pluie pour partir explorer la nature qui danse sous les gouttes. Ramasser les champignons, reconnaître les feuilles au sol : de petits bonheurs pour de grands souvenirs !

Les dernières parutions du même genre