Littérature étrangère
Ilaria Gaspari
Une rumeur dans le vent

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Ilaria Gaspari
Une rumeur dans le vent
Traduit de l'italien par Romane Lafore
Le bruit du monde
21/08/2025
368 pages, 23 €
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Chronique de
Clémence Burgun
Librairie La Marge (Haguenau) - ❤ Lu et conseillé par 14 libraire(s)
✒ Clémence Burgun
(Librairie La Marge, Haguenau)
Dans un roman savamment orchestré, Ilaria Gaspari nous transporte vers l'Italie des années 1980 pour interroger la ténacité des rumeurs, aussi destructrices qu'inévitables. N'y a-t-il vraiment pas de fumée sans feu ?
Venue à Rome pour suivre un garçon qui ne voulait pas d'elle et écrire une thèse en laquelle elle ne croit plus vraiment, Barbara peine à joindre les deux bouts et à trouver un équilibre. Elle n'a pour elle que sa jeunesse et une certaine naïveté en lesquelles Marie-France, célébrité de la mode locale, verra un potentiel inexploité. En l'embauchant dans sa très chic boutique de vêtements, cette dernière lui offre une chance de trouver un peu de paix et, peut-être, une vocation. Extravagante et visionnaire, Marie-France décide bientôt de proposer une collection dédiée aux jeunes filles afin que les adolescentes désœuvrées puissent venir dépenser leur argent de poche loin du regard de leur mère. Le succès ne se fait pas attendre mais il est de courte durée. Quelque chose cloche et Barbara n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Petit à petit, pourtant, les événements commencent à dégénérer. Librement inspiré de faits réels survenus à Orléans à la fin des années 1960, Une rumeur dans le vent semble né d'une obsession pour les calomnies, fascinantes par leur persistance et terrifiantes par leurs potentielles conséquences. Barbara, observatrice et philosophe, brosse autant le portrait de l’exubérante et solaire Marie-France que celui d'une société déconnectée de la réalité, obsédée par les apparences. Sous l'élégance, les tissus luxueux et la séduisante apparence de l'élite fashionable des années 1980, l'autrice distille un malaise qui s'installe insidieusement entre les pages. Les signes s'accumulent sans qu'on ne parvienne à faire le lien entre eux, à saisir un sens au-delà des détails vites oubliés mais qui, mis bout à bout, auront des conséquences regrettables. On referme ce livre ébloui par les paillettes et une question au bord des lèvres : aurait-on cédé à la rumeur ?