Littérature étrangère

Charles Portis

Un chien dans le moteur

photo libraire

Chronique de Gwendoline Touchard

Bibliothèque/Médiathèque Trapèze (Boulogne-Billancourt)

L’auteur du célébrissime True Grit chez J’ai lu (adapté par les Frères Coen) revisite le road trip et nous livre un texte déjanté aux personnages totalement barjots.

L’histoire est simple. Ray, fringant jeune homme et grand amateur d’Histoire, s’aperçoit que sa petite copine s’est tirée avec son ex, Dupree, et, surtout, sa voiture adorée. Ce qui va le mettre méchamment en colère et le poussera à traverser tout l’Arkansas et le Nouveau-Mexique à bord d’une Buick complètement pourrie, afin d’obtenir réparation et de récupérer ses dûs. Il fera pendant son escapade la rencontre de tout un tas de Pieds Nickelés, jusqu’à ce qu’il arrive à destination et qu’un autre voyage s’impose, intérieur celui-là. Charles Portis a trouvé avec Ray le loser parfait, celui que l’on maltraite avec délice tout au long de son livre, qui fait rire et attendrit. D’autant que Ray est l’idée même que l’on peut se faire d’une caricature d’homme, un type désabusé mais doté d’assez d’acharnement et de moralité pour aller jusqu’au bout de ses obsessions et de ses idées, même si celles-ci le dépassent. Et en l’occurrence, elles le dépassent rapidement. C’est avec un humour grinçant que Portis accouche d’une fresque enjouée aux rebondissements absurdes et désenchantés, pleins, toutefois, d’une vie qui éclate à la lumière du jour et nous laisse remplis d’une joie délicieusement cruelle.

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