Polar

Maxime Gillio

Rouge armé

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photo libraire

Chronique de Margot Engelbach

Librairie La librairie (Clermont-Ferrand)

À travers le face à face de deux femmes expertes en faux-semblants, Rouge armé nous plonge dans l’Histoire de l’Allemagne, des années 1940 aux années 1970. Instructif et surprenant.

Ce roman est avant tout celui d’une rencontre, celle de Patricia, jeune journaliste au journal Spiegel, et d’Inge, paisible sexagénaire, qui, quarante ans plus tôt, est passée clandestinement à l’Ouest avant de rentrer à l’Est quelques années plus tard. Pour les besoins d’un livre qu’elle a en projet, Patricia espère recueillir le témoignage de cette vieille dame méfiante. Grâce au récit d’Inge, le lecteur traverse la riche Histoire de l’Allemagne du XXe siècle, des Sudètes installés en Tchécoslovaquie puis envoyés dans des camps en Allemagne après la défaite de 1945, à la construction du mur de Berlin, en passant par les militants de la Fraction Armée Rouge. Évidemment, comme dans tout roman noir, rien n’est simple. Chacune de ces femmes avance masquée et cherche à trouver la faille de son adversaire sans trop se dévoiler. Sans parler de ces meurtres qui se multiplient dans la ville et sur lesquels se penche le collègue de la journaliste. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la position dans laquelle se trouve le lecteur, qui, même s’il partage le point de vue de Patricia, ne connaît pas ses motivations profondes et progresse donc à tâtons dans ce face à face d’une grande tension. L’auteur réussit à nous tenir en haleine jusqu’au bout, maîtrisant parfaitement son récit et ses effets.