Les Yeux d'Alex

Alex est une jeune photographe de talent. Un beau jour, elle reçoit une proposition d’exposition au festival d’Arles. La thématique est libre et les photos doivent être inédites. Alors Alex feuillette les albums photos des femmes qui l’inspirent, ces femmes qui osent. Rapidement, elle s’interroge sur la beauté, la seule, l’unique, la transcendante. Qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est désirable pour l’œil ? Pour l’œil masculin, la beauté, c’est la femme. Et des photos de femmes désirables prises par l’homme pour l’homme, il en existe des milliers. Mais qu’en est-il du désir féminin ? C’est cette piste aussi intrigante qu’intimidante qu’Alex choisit d’explorer. Comment parler du désir féminin quand, soi-même, on ne connaît pas l’étendue de son propre désir, quand celui-ci est calqué et façonné par l’homme et pour l’homme, au même titre que toutes ces photos déjà existantes ? Alex va donc partir en exploration : celle de son propre désir, de ce qui l’anime. Le chemin est sinueux et se confronte rapidement à celui de sa propre image. En effet, Alex souffre d’une maladie de peau qui la ronge de l’intérieur. Une maladie qui ressort à chaque écart : une fête de trop ou une nuit trop tardive. Devenue experte en camouflage, Alex doit maintenant s’exposer. Alors elle découvre, elle observe et surtout, elle ose ! De rencontre en rencontre, elle se dévoile et, à travers son objectif, elle expérimente. Le corps masculin se déconstruit, il n’est plus seulement terrifiant ou intimidant, il est aussi joli et libre. Les illustrations de Claire Fauvel sont douces. Les couleurs pastel atténuent le côté parfois cru de l’illustration et donnent un côté onirique à l’image. La délicatesse du dessin rencontre la beauté du propos et, ensemble, ils exécutent un ballet chaleureux et irréprochable. Le récit prend alors parfois une tournure de fantasme rêvé et apporte une autre vision du désir. Texte et image se complètent et apportent chacun leur point de vue sur le désir. Car, après tout, ce dernier peut être lu et vu. Cette bande dessinée apporte une vraie pierre à l’édifice quant à la question du désir et du plaisir féminin. Tel un véritable hymne au désir, le récit nous porte et nous confronte sur nos propres habitudes et sur nos conceptions personnelles. Le texte tend à déconstruire les valeurs patriarcales du désir et de la beauté en nous proposant d’autres alternatives. Claire Fauvel continue son parcours sans faux pas avec un récit fort, émouvant où l’intime n’est plus à cacher, où l’heure est à l’aventure !