Littérature française

Guillaume Poix

Les Fils conducteurs

photo libraire

Chronique de Charlotte Lesaulnier

Librairie Actes Sud (Arles)

À Accra, au Ghana, Ama et son fils Jacob tentent de survivre et de faire leur place. Comme le jeune photographe franco-suisse qui vient d’arriver, tout semble les conduire à l’imprononçable « Agbogbloshie », qu’on appelle ici « la bosse », immense décharge à ciel ouvert où viennent échouer tous les déchets électroniques du monde. Dans cet enfer, Jacob échappe à sa mère, commence à devenir un homme et, guidé par deux amis, Isaac et Moïse, il apprend les codes et le langage de la bosse. Les prénoms sont bibliques et la décharge est un Moloch qui avale les enfants et recrache des vieillards. Mais Guillaume Poix vient du théâtre et sa fable relève surtout de la tragédie grecque dans sa marche vers la mort, son constat de l’impuissance de l’amour malgré sa force, et ses descriptions de puissantes rivalités (entre gamins). Il y a aussi une très belle interrogation sur le voyeurisme, l’obscène obsolescence, et surtout un dépassement de ces questions par l’invention d’une langue, un argot hallucinant de la violence et de l’enfance.

illustration