Joëlle a 40 ans, vient de perdre son père et va essayer de comprendre pourquoi celui-ci a choisi de vivre et de mourir si loin des mondes, des terres auxquels il appartient. Isabelle Ascensio nous parle d'une époque « entre deux » : la fin des années 1970 où les blessures de la décolonisation sont à la fois loin d’être guéries mais n’ont plus de raison de s’exposer, où les baby-boomers semblent danser joyeusement sur l’air d’une société d’abondance, tout en regrettant leurs racines. Elle nous parle aussi de terres « entre deux », que ce soit l'Algérie, celle de l’enfance et celle du départ, la Corse ou cet arrière-pays provençal où quelques kilomètres de routes sinueuses isolent d’âpres villages d’un littoral ouvert sur le monde entier. Il s’agit aussi ou surtout des choix qui mettent les enfants « entre deux » quand la famille se distend. Le rythme soutenu des flash-back, la très belle tenue de l'écriture et l’étonnement de la violence qui finalement surgit dans l’existence de cet homme tranquille maintiennent le lecteur lui aussi dans un bel état de flottement sensible.