Littérature française

Franck Manuel

Le Facteur phi

photo libraire

Chronique de François-Xavier Schmit

Librairie L'autre rive (Toulouse)

Anacharsis avait déjà frappé l’année dernière avec Un blanc de Mika Biermann, un premier roman haut perché. Le petit nouveau s’appelle Franck Manuel et il nous offre avec Le Facteur phi une sorte de road movie en vélocipède.

Passé l’introduction philosophico-surréaliste, le lecteur est très vite happé par Pierrot, un facteur à l’ancienne, lointain cousin de Jacques Tati. Avec un regard désopilant, il nous conte sa tournée quotidienne faite de rencontres parfaitement délirantes et incongrues : Jean, à ses heures perdues cultivateur de tomates croisées au cannabis et inventeur de concepts artistiques visuels révolutionnaires, madame de Vigne, une ancienne beauté qui le reçoit en nuisette en promenant sur le monde une mélancolie ambiguë, monsieur Peterson, cosmonaute et clone de Georges Clooney, madame Pertuis, enceinte et déjà mère de douze enfants mais abandonnée par son mari, le couple François, sorte de Barbie et Big Jim dopés au silicone et au consumérisme. Mais l’ami Pierrot, malgré sa candeur, est bientôt accusé de meurtre. Tous ces personnages caricaturaux et totalement inadaptés à leur époque constituent une galerie foutraque, farfelue et poétique. C’est très drôle, fin, enlevé, parfois touchant quand l’auteur aborde la vieillesse, le deuil, la solitude. Voilà un roman léger, décalé, lunaire, qu’il faut recommander dans cette rentrée un peu trop sage.

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