Polar

Asa Larsson

La Piste noire

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photo libraire

Chronique de Marie-Aube Ruault

Librairie La Carline (Forcalquier)

En prise directe avec la réalité qu’il dénonce, La Piste noire renouvelle le genre par la qualité de son écriture, la finesse psychologique de ses héros ordinaires et une construction subtile de l’intrigue.

Certains croient que pour écrire un bon polar il suffit d’accumuler les épisodes sanglants et de couper les scènes en fin de chapitre, pour que le lecteur, rendu addict, ne puisse pas s’arrêter ! Certes, ça fait parfois de bons romans – et c’est sans doute le meilleur moyen d’intéresser Hollywood –, mais c’est quand même autre chose quand l’auteur affine un peu son point de vue, prend la peine de fouiller la psychologie de ses personnages, et en profite pour décrire une réalité sociale et politique qu’il connaît bien ! C’est exactement ce que nous offre Åsa Larsson avec ce troisième roman, dans lequel on retrouve l’avocate Rebecka Martinsson. Devenue procureure, Rebecka participe à l’enquête sur le meurtre d’une jeune femme qui travaillait dans le business international des mines, au service d’un homme à qui tout a réussi et auquel elle et son frère étaient liés de façon trouble. Sa mort va mettre au jour, outre de lourds secrets de famille, les méthodes peu recommandables de ces multinationales qui n’hésitent pas à corrompre les gouvernements du Sud et à s’appuyer sur les pires dictatures pour emporter des marchés juteux. La preuve qu’il n’est pas nécessaire de chausser les gros sabots du suspense pour séduire ses lecteurs.