Littérature française
Aurélie Dye-Pellisson
Ce que l'océan ne dira jamais

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Aurélie Dye-Pellisson
Ce que l'océan ne dira jamais
Éditions Héloïse d’Ormesson
13/03/2025
204 pages, 19 €
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Chronique de
Fabienne Boidot-Forget
Librairie Le Bruit des Mots (La Flèche) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Catherine Jamain de des thés (Surgères)
- Charline Caron de De l'encre à l'écran (Le Guilvinec)
- Aquilina Tannous de Goulard (Aix-en-Provence)

✒ Fabienne Boidot-Forget
(Librairie Le Bruit des Mots, La Flèche)
Avec Ce que l’océan ne dira jamais, Aurélie Dye-Pellisson rend hommage aux disparus du Princess Sophia, naufragé en 1918, et célèbre avec beaucoup de brio le pouvoir des mots et de la littérature.
Le 25 octobre 1918, le Princess Sophia fait naufrage au large de l’Alaska. 353 personnes sont englouties dans ces eaux glacées. On n’en parla que peu, l’annonce de l’Armistice quelques jours plus tard reléguant cette nouvelle au rang des mauvaises. Or, après quatre ans de guerre, l’heure devait être à la joie. C’est ainsi que commence ce roman. En 1925, dans la cabine d’un autre bateau, Zélie se souvient, Zélie écrit, bien décidée à ré-encrer quelques dizaines de ces vies noyées et on en comprendra plus tard la raison. C’est aussi l’occasion pour elle d’un retour en arrière, vingt-cinq ans plus tôt, en 1899 quand, avec son frère Jean, ils abandonnent leur village des Hautes-Alpes pour rejoindre leurs deux frère aînés partis tenter leur chance à San Francisco. Elle se souvient de leur arrivée dans une ville en pleine effervescence, de la ruée vers l’or, de la construction des premiers buildings, de sa confrontation avec une communauté cosmopolite à mille lieues de leur vallée montagnarde et de leur volonté à tous les deux de mener leur vie comme ils l’entendent. Au-delà du simple roman d’aventures et d’initiation, Aurélie Dye-Pellisson a choisi de transmettre à ses personnages, Jean et Zélie, sa passion de l’écriture. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, une véritable déclaration d’amour à la littérature, aux histoires et à ceux qui les racontent. À une période où les femmes doivent batailler pour exercer une profession, Zélie devient journaliste au Franco-Californien et fait feu de tout bois, pourvu qu’elle relate, qu’elle écrive. L’écriture singulière et poétique d’Aurélie Dye-Pellisson excelle à rendre ce récit captivant, on s’attache à ses personnages, on vit au plus près de leurs émotions et, au final, on finit par se demander qui de Zélie ou Aurélie a écrit ce roman.