Quelle est votre mission de libraire préférée ?

Christophe Duparloir Enfant, la lecture éveillait une curiosité sans faille à explorer. Elle devenait ainsi l’outil à lever des méconnaissances, et elle m’aventurait toujours sur de nouveaux terrains à creuser. Je mesure d’autant plus aujourd’hui au combien l’accès aux livres est précieux. Mon engagement est d’y répondre. Contribuer ainsi le lecteur à comprendre le monde dans lequel il s’inscrit, à lutter contre la méconnaissance et parfois même la bêtise. Je reste convaincu que tout homme qui lit est un homme éclairé qui saura nourrir sa réflexion et la partager au mieux, et peut-être même l’écrire.

Quel est votre livre fétiche ?

C.D. L’Étrangère aux yeux bleus de Youri Rytkhèou (Actes Sud) est un de mes incontournables. L’étrangère, qui est-elle ? Moscovite, Anna est universitaire en ethnologie. Dans le cadre de ses recherches, elle souhaite approcher de l’intérieur la communauté tchouktche, peuple nomade au pied du détroit du Béring. Éleveurs de rennes, ils vivent de peu, riche d’une culture ancestrale. Le chamanisme les inscrit dans leur environnement, il nourrit tout un espace invisible et fédérateur. Anna adoptera corps et âme cette nouvelle famille. Son cœur l’invitera à épouser Tanat, fils prodige de la communauté. Son beau-père l’adoptera en retour, reconnaissant chez elle une grande chamane. Un roman d’amour pour un peuple à jamais perdu qui lutte à la reconnaissance de l’autre, une invitation à le reconnaître dans sa différence culturelle pour mieux l’approcher. A lire à volonté et sans discrétion !

Êtes-vous plutôt marque-page ou page pliée ?

C.D. Le marque-page m’échappe tout autant que le parapluie oublié. Je plie donc pour marquer une page, je plie pour mieux revenir sur un texte. Je plie pour l’apprécier et me l’approprier. Les livres, je les prête, il m’est important de les faire circuler comme une matière vivante qui transpire de ses bons mots. Les retrouver « abîmés » est synonyme d’un bon usage, il aura été lu, et au mieux convaincant.