Avec sa biographie romancée de Sonia Pierre, Catherine Bardon nous offre le portrait poignant d’une femme qui a consacré sa vie à défendre les droits humains des immigrants haïtiens en République dominicaine.

Bercés par la promesse d’un avenir meilleur, Maria-Carmen et son compagnon André quittent Haïti pour une plantation de canne à sucre située en République dominicaine. Malheureusement, dans le campement de Lecheria règne une pauvreté pire que celle qu’ils ont quittée. Les voilà isolés du reste du monde, « minorité noire, pataugeant dans la misère et l’injustice, les nouveaux esclaves du XXe siècle ». En 1963, Maria-Carmen accouche de Sonia, son sixième enfant. Livrée à elle-même, la petite fille grandit comme elle peut et son avenir va être bouleversé par l’enseignement du Père Anselme, un missionnaire qui insiste pour scolariser cette élève douée. En quittant les siens pour entrer à l’école, Sonia mesure combien les conditions de vie à Lecheria sont misérables et injustes, et qu’un autre univers existe. À 13 ans, elle participe à la première grève des ouvriers de la canne à sucre, qui se révoltent contre leurs conditions de vie. C’est un baptême du feu, le fondement de son engagement, « la graine semée d’une indignation qu’elle ne pourrait plus occulter, dont l’empreinte au fer rouge la marquerait pour toujours. » Elle continue ses études à l’université, devient avocate et fonde le MUDHA, le Mouvement des femmes dominico-haïtiennes. Elle se battra toute sa vie pour défendre les droits des Haïtiens et de leurs descendants, notamment le droit d’accéder à la nationalité dominicaine. Pour défendre sa cause, elle voyagera dans le monde entier et subira de multiples menaces de la part d’opposants. Sonia Pierre se consumera dans son combat, décédant prématurément à l’âge de 48 ans. Catherine Bardon nous embarque dans le sillage de cette héroïne persévérante et courageuse et, à travers ce « roman vrai », rend à jamais inoubliable une femme admirable et exemplaire.