Littérature française

Jean-Baptiste del Amo

Le Sel

photo libraire

Chronique de Géraldine Huchet

Pigiste ()

Une journée d’été étouffante, à Sète. Louise, veuve de marin, a prévu de donner un dîner le soir même et de réunir à cette occasion ses enfants et petits-enfants qui ne s’entendent guère.

Cette soirée, le lecteur pourra l’imaginer, mais elle intéresse en définitive assez peu l’écrivain ; son propos n’est pas de décrire un règlement de comptes en famille, un Festen littéraire. Non, ce qui importe ici, c’est cette longue journée où, par la magie de l’écriture, nous suivons quatre personnages dans leurs déambulations à travers la ville, leurs pensées, leurs souvenirs qui s’entrecroisent et s’entrechoquent jusqu’au soir. Louise, donc, un peu terne, ne vit que dans ses souvenirs et s’en veut de ne pas aimer tous ses enfants de la même façon. Sa fille, Fanny, qui oublierait presque d’exister depuis la mort accidentelle de son enfant dix ans auparavant, traverse la vie comme une somnambule. Et puis il y a les deux frères, qui se détestent depuis toujours : Albin, portrait craché de son père, viril, violent, dont le couple se délite ; et Jonas, le petit dernier, homosexuel en révolte permanente. Évidemment, l’ombre du père, admiré et détesté, plein d’ambiguïtés, est écrasante et, en bon tragédien, Del Amo convoque le destin en invitant les trois Parques (Nona, Decima et Morta) à présider à la naissance, au mariage et à la mort de ses personnages.

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