Littérature française

Fanny Saintenoy

Juste avant

photo libraire

Chronique de Géraldine Huchet

Pigiste ()

Une jeune femme veille son arrière-grand-mère agonisante. Peu encourageant ? Détrompez-vous : toutes deux se racontent avec drôlerie et poésie. Face à la mort et à la vie.

Toutes deux ont du tempérament pour dire les choses en silence. La première, la plus jeune, pétillante et fraîche, c’est Fanny. Elle accompagne la seconde, Juliette, sa très vieille pomme, sa Granny étendue sur son lit d’hôpital. L’attente, le froid, la peur encadrent leurs deux récits. Juste avant un ultime souffle, juste avant de continuer à vivre, leurs voix et souvenirs s’entremêlent pour dire cinq générations de femmes et un siècle qui s’écoule, pour dire les bonheurs comme les accidents de la vie moderne. Guerres, amours, voyages, études, naissances, maladies, deuils, regrets et renoncements, mille et un détails et anecdotes ressurgissent et s’animent. Avec élégance et pudeur parfois, sans fioritures ni retenue le plus souvent, Fanny et Juliette se racontent simplement. Jusqu’au bout de ce bouleversant portrait croisé, Fanny Saintenoy excelle dans la maîtrise de la simplicité, pimente l’ensemble d’humour et de poésie et suscite l’émotion sans maniérisme. À tel point qu’elle subjugue aussi en abordant de front des sujets sombres et redoutés : la vieillesse, la déchéance, l’agonie. Beau et juste, son premier roman a une force douce et une gaieté tendre. Face à la mort et à la vie.

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