La Mauvaise Joueuse

Maud, la trentaine, comptable en Loire-Atlantique, ne joue plus, ni aux échecs, ni aux cartes, ni à rien depuis des années. Mais il suffit d’un téléphone prêté, d’une application anodine, d’un accident de voiture, d’un délit de fuite pour que le barrage rompe à nouveau. Maud ne se maîtrise plus : jouer et surtout gagner deviennent une obsession. S’ensuivent trois jours d’une cavale effrénée pour un retour mental et géographique dans l’enfance. Victor Jestin ausculte l’addiction comme on scrute une faille, avec une lucidité brûlante et une tendresse inquiète, révélant la fragilité tapie sous la surface. Chaque phrase est tendue, précise, nerveuse. Son écriture épouse la fièvre de la narratrice : les pensées s’entrechoquent, les phrases claquent, s’interrompent. Peut-on jamais cesser de jouer ? Victor Jestin ne donne pas de réponse mais éclaire, avec une justesse troublante, la part d’ombre qui veille en chacun de nous.