Polar

Helen Faradji

La Corde blanche

✒ Nathalie Sarles

(Librairie Paroles, Saint-Mandé)

Un polar captivant sur la montée du protectionnisme au Québec. Deux personnages aussi différents qu’attachants nous entraînent dans cette enquête sociopolitique qui a pour but d'innocenter leur plus cher ami.

Une belle surprise que ce premier roman édité par les éditions Héliotrope et écrit par une autrice strasbourgeoise vivant au Québec depuis 1999. Les personnages principaux sont parfaitement campés dès les premières pages. Comme la détective privée Lisa Giovanni, fougueuse, au caractère bien trempé, qui fut « conduite vers la sortie » de l’unité des crimes majeurs, un an auparavant. Ou son ex-coéquipier, Thomas Villeneuve, plus droit (trop ?), instinctif et minutieux à la fois, toujours en poste. Amis depuis la fac de droit mais éloignés par cette éviction, ils vont devoir collaborer suite à l'incarcération du troisième larron de leur groupe estudiantin, Omar Masraoui, accusé de meurtre. Commence alors une déambulation dans Montréal à la recherche d’indices et de pistes car le dossier classé « top secret » est inaccessible, même pour Villeneuve. Helen Faradji revient sur une période de troubles sociaux et politiques survenus en 2006-07 au Québec, lors de la mise en place de « l’accommodement raisonnable » dans la lutte contre les discriminations pour le respect du droit à l’égalité des citoyens. Suite à ces mesures, une partie de la population revendique un plus grand protectionnisme, les groupuscules anti-immigration se développent et les actes de violence se multiplient. La réflexion autour de la société et de la haine à caractère raciste est partie prenante de cette enquête. Les situations très documentées nous interrogent aussi sur notre actualité vingt ans plus tard : le monde a-t-il vraiment changé ? Les dialogues sont enlevés et les termes spécifiquement québécois ajoutent au rythme du récit et à la personnalité des protagonistes. L’autrice dit être inspirée par Denis Lehane et Olivier Norek et on l’aime aussi pour ça. La fin augure un autre volet que nous sommes impatients de lire !

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