House of Windows

Après le brillantissime et cauchemardesque Fisherman, sorti l'année dernière, les éditions J'ai lu nous offrent une nouvelle perle signée John Langan. Depuis quelques années, Veronica est sous le feu des critiques. D'abord car jeune épouse d'un célèbre professeur (qui a tout quitté pour elle) puis comme veuve présumée de cet homme. Lorsqu’un écrivain, séjournant dans la même maison de vacances que Veronica, a l’occasion d’entendre son histoire, il s’en empare immédiatement. Le récit qui s'ensuit l'amènera au plus sombre d’une relation tourmentée entre un père et son fils unique, dans un nœud d'histoires qui nous entraîne d’une ville universitaire aux champs de bataille d’Afghanistan, de l’Amérique d’après le 11 septembre à l’apogée de l’ère victorienne. C’est une histoire qui mène inexorablement à Belvedere House, la demeure que Veronica partage avec son mari, entre les murs de laquelle les terribles paroles d’un père adressées à son fils résonnent et prennent une force effroyable. Encore une fois, l'auteur nous prouve sa maîtrise du genre et s'amuse à faire rimer cauchemar et santé mentale. Dans ce qui semble être un hommage au roman de maison hantée à la Shirley Jackson ou Henry James, Langan développe un récit sans concessions sur la culpabilité du père, car c’est aussi et surtout une exploration psychologique et existentielle des relations familiales. Grâce à une écriture raffinée et une structure de narration en mille-feuilles, il réussit à nous perdre dans son dédale littéraire, ce qui ravira les amateurs de frissons et ceux qui recherchent plus de profondeur. John Langan est bien plus qu'un auteur, c'est un conteur. Il nous livre un grand roman d'atmosphère, obsédant et bouleversant, porté par des personnages profondément humains, sur le deuil, la famille, la parentalité.