Littérature étrangère

Carla Guelfenbein

Être à distance

illustration
photo libraire

Chronique de Margot Engelbach

Librairie La librairie (Clermont-Ferrand)

Autour du personnage de Véra Sigall, grande romancière, Être à distance met en scène des personnages qui cherchent leur voie. Ce quatrième roman de la Chilienne Carla Guelfenbein est une réussite.

Les personnages de ce roman ont tous du mal à vivre pleinement leur existence. Il y a d’abord Daniel, architecte qui court après son rêve de restaurant et préfère l’amitié de sa voisine Véra aux confrontations avec sa femme. Il y a aussi Emilia qui souffre d’un mal psychologique lui interdisant tout contact humain. Elle préfère la compagnie des livres et la thèse sur laquelle elle travaille. Horacio, enfin, malgré la reconnaissance des lecteurs et de ses pairs pour ses qualités de poète, est bridé par les secrets du passé. Et surtout, il y a Véra Sigall, grande écrivaine. Elle est plongée dans le coma suite à une chute dans les escaliers et fait le lien entre ces trois personnages qui prennent la parole à tour de rôle. À travers le portrait en creux de cette romancière qui ne peut plus s’exprimer, il est bien question, malgré eux, de transformer leur vie. Roman sur la difficulté d’être au monde, sur la beauté et les capacités de la littérature en général, et de la poésie en particulier, sur l’absence et l’absente, sur les secrets qu’on n’arrive plus à garder, également sur l’Histoire du Chili, Être à distance est magnifiquement porté par une langue très légère et très juste, qui donne à ses personnages attachants une épaisseur remarquable.