Polar

Christophe Molmy

Comme un papillon

RR

✒ Raphaël Rouillé

(Bibliothèque/Médiathèque de Saint-Christol-lez-Alès, Saint-Christol-lez-Alès)

Noir et déstabilisant, le dernier récit de Christophe Molmy nous propulse au cœur d’une affaire captivante, tendue comme un fil prêt à casser à tout moment et révélant « les meurtrissures que cause l’innommable ».

Accusé de viol, Mathieu, professeur à l’Université, marié, des enfants, ne comprend pas ce qui lui arrive. Du jour au lendemain, sa vie bascule. Son angoisse monte un peu plus à chaque témoignage, chaque révélation. Qui s’acharne sur lui ? Qui lui en veut ? Sa rencontre avec Manon, la psychologue, va le bousculer un peu plus encore, le dérouter puis le questionner sur les voix des femmes prêtes à témoigner contre lui. Comme un papillon nous guide en profondeur au creux de l’âme humaine, au bout de sa noirceur, de ses traumatismes familiaux, de tout ce qui nous fabrique et nous tourmente. Alternant le récit des victimes, celui de l’agresseur présumé et celui de la psychologue, ce remarquable thriller psychologique ne nous laisse pas une seconde de répit et à ses personnages non plus ! Rythmé, le roman agit comme une vraie centrifugeuse qui fissure tout sur son passage. Pris dans ce tourbillon dévastateur, Mathieu résistera-t-il ? Sans affect ni parti pris, Christophe Molmy nous fait entrer dans la tête de ses personnages, parfois par effraction, entre passé, présent et avenir. Le choc est violent, le traumatisme réel, le parcours de chacun des protagonistes accidenté. Homme de terrain, Chistophe Molmy connaît parfaitement les arcanes de la police et de la justice. L’immersion est crédible, redoutable et suffocante. L’auteur traque chaque souffle, chaque respiration, dans un roman à la fois physique et psychologique, de chair et d’émotion, de sang et de pleurs. Écrivain talentueux, il sème le trouble chez le lecteur, cherchant la vérité sous différents angles, retournant chaque facette. Tandis que ses personnages titubent et que leurs vies se craquellent, le romancier, lui, garde le cap et fait monter la tension à chaque chapitre, jusqu’à ce que tous les masques tombent.

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