Paul Lynch était critique de cinéma avant d'écrire des fictions et cela se ressent dans son nouveau roman, Au-delà de la mer, roman cinématographique s'il en est.

L'action se déroule en Amérique du Sud dans un pays anonyme bercé par l'océan Pacifique et marqué par les conflits dus aux cartels. Tout d'abord, il faut planter le décor et présenter les personnages. C'est Bolivar qui est au cœur de l'histoire, un homme tourmenté par des choix présents et passés à peine esquissés et qui se questionne sur son avenir avec Rosa. Pour gagner de l'argent, mais aussi montrer son courage face aux éléments, il décide de partir pêcher pour son patron malgré la tempête annoncée. Cependant, il ne peut pas partir seul et entraîne donc avec lui le jeune Hector qu'il ne connaît pas. Les voilà lancés ensemble au milieu des éléments déchaînés et de cette situation extrême, personne ne sortira indemne, ni les personnages et encore moins le lecteur. En raison d'une panne de moteur, les deux protagonistes dérivent au gré des courants et leur face-à-face débute. L'océan, mille fois dépeint et changeant, mortel et source de vie, beau et charriant des ordures, devient un des personnages de l'histoire que vivent Bolivar et Hector. Au cours de celle-ci, ils n'ont pas de prise sur leur trajectoire et ne peuvent que s'efforcer de survivre par tous les moyens. Ils sont confrontés à leurs démons intérieurs respectifs. Ils les affrontent chacun à leur manière, ainsi que l'épreuve qu'ils traversent. Grâce à son écriture ample et imagée, Paul Lynch parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page de ce très beau roman, intimiste et âpre, désespéré et haletant. Les descriptions, celles des corps profondément marqués et de l'océan, inconstant, sont d'une beauté terrible et dérangeante. Ce livre vous hantera !