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Doa

DOA au pays des gangsters

photo libraire

L'entretien par Adrien Lemoine

Librairie Eyrolles (Paris)

Auteur de déjà huit romans salués par la critique, DOA revient avec un texte trépidant qui nous plonge dans le milieu des trafiquants de drogue de l'Est parisien. Véritable immersion documentée dans un univers familial sanglant, Rétiaire(s) est The Wire français.

Vous êtes un auteur dorénavant installé dans le paysage de l'édition française. Pour votre neuvième livre, vous avez choisi le titre de Rétiaire(s). Que signifie-t-il ?

DOA - Il nous vient tout droit de l’Antiquité. Un vestige en guise de clin d’œil à un type d’opérations antidrogue baptisées Myrmidon, menées par l’Office anti-stupéfiants du temps où il portait un autre nom. En cherchant quelque chose d’approchant, après plusieurs itérations, j’ai abouti au rétiaire, ce gladiateur dont la tactique consistait à immobiliser l’adversaire dans son filet avant de l’achever. À la manière des principaux personnages du roman.

 

À l'origine de Rétiaire(s), il y a un scénario écrit à quatre mains avec Michael Souhaité. Pourquoi avoir choisi finalement d'en faire un livre ?

DOA - Pas qu’un scénario mais tout un projet audiovisuel qui n’a pas vu le jour pour diverses raisons. La littérature était le meilleur moyen de ne pas laisser ce travail disparaître et de le faire vivre. Ou revivre. Le milieu des gangsters et de la lutte contre le trafic de drogues est une thématique qui a souvent déjà été traitée, que ce soit dans des romans ou des films.

 

Quelles ont été vos influences et où Rétiaire(s) prend-il sa source ?

DOA - Gangsters et trafic de drogue sont des réalités criminelles et ce trafic un phénomène en voie d’aggravation. Pour qui s’intéresse au monde tel qu’il est et fait œuvre de noir, ils sont quasi incontournables. L’inspiration, elle, vient de là. Maintenant, parmi les modèles, il y a évidemment Sur écoute [NDLR : The Wire cité plus haut], série télévisuelle elle-même héritière du long travail journalistique et de non-fiction littéraire du formidable David Simon. Une fresque écrite par une fine équipe de romanciers américains parmi les plus talentueux du genre. La boucle est donc bouclée.

 

Votre roman semble extrêmement réaliste et documenté. Vous êtes-vous immergé dans différents services policiers ou tribunaux ?

DOA - Vingt ans à plancher sur les flics, les voyous, les barbouzes, les barbus ont bien préparé le terrain ; une vingtaine d’années passées également à me constituer des réseaux et développer de vraies amitiés. Ensuite, oui, une longue transpiration laborieuse est toujours requise afin d’aller chercher, là où elle se trouve, partout où elle se trouve, de la matière : au tribunal judiciaire, par exemple, où j’ai été reçu avec beaucoup de patience et de bienveillance par un magistrat instructeur ; au centre pénitentiaire de Paris-La Santé, dont le directeur général, lui-même romancier talentueux et amateur des Clash, m’a ouvert les portes. Après, tout ceci ne vaut rien sans un travail de restitution littéraire qui sublime cette incontournable collecte d’infos. Il faut sélectionner, mettre en ordre, raffiner, raconter sans expliquer, trouver le mot juste, incarner par des personnages, ajuster les modes d’expression, les psychologies, bref, abandonner le petit documentariste et ne pas oublier d’être romancier.

 

Bien que la fin du roman n'appelle pas vraiment une suite, en envisagez-vous une ou vous consacrez-vous à d'autres projets ?

DOA - Rétiaire(s) a, dans la longue chaîne de mes projets à venir, pris la place d’un autre, auquel je vais à présent redonner la priorité. Mais après, qui sait ?

 

Le commandant Théo Lasbleiz tue Nourredine Hadjaj alors qu'il vient d'être arrêté. Ce narcotrafiquant, membre d'une dynastie de gangsters, venait tout juste d'être arrêté pour l'assassinat de la femme et la fille de Théo. Le policier est incarcéré à la Santé, prison dans laquelle il n'a pas que des ennemis. Au sein de l'office anti-stupéfiants, l'enquête d'Amélie Vasseur concernant le gang de Nourredine se poursuit malgré tout. Bienvenue dans une affaire explosive sur un cartel de drogue de l'Est parisien en pleine débandade. Petit à petit, entre magouilles et double jeu, nous découvrons la partie émergée d'un iceberg où policiers et gangsters se tirent la couverture et se ressemblent plus qu'il n'y paraît.