Bande dessinée

Kris , Jean-Denis Pendanx

Svoboda

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photo libraire

Chronique de Yoann Debuys

Librairie La Fabrique à rêves (Fourmies)

Les éditions Futuropolis réunissent Kris, Pendanx et Merlet pour leur dernier album, Svoboda ! Ce faisant, l’éditeur de BD poursuit son excellent travail éditorial qui consiste à concilier sujets ouverts au plus grand nombre 
et regard personnel d’auteurs.


C’est toujours un plaisir d’ouvrir un album édité par Futuropolis. Parfaitement édité et relié, l’objet n’en souligne que davantage la qualité du travail des auteurs. Kris a récemment adapté Un sac de billes en compagnie de Vincent Bailly, Jean-Denis Pendanx nous a captivés dernièrement avec le troisième volet de Jéronimus, et Isabelle Merlet a mis en couleurs, entre autres, Big Foot ou Le Landais volant. Svoboda propulse le lecteur sur les fronts fangeux et gorgés de sang de la fin de la Première Guerre mondiale. Jaroslav Chveïk est un écrivain tchèque que les circonstances ont transformé en soldat. Dans une Europe en pleine déliquescence, notre soldat écrivain ne sait plus très bien pour quelle patrie il se bat. Son régiment, entièrement composé de compatriotes, a envoyé paître l’empereur austro-hongrois pour se donner à la Russie tsariste. La révolution éclate. La Russie signe la paix. Le chaos s’installe. Les Tchèques ne savent plus où aller. Un train les emmène, lui Jaroslav Chveïk, et ses camarades déboussolés. Ils roulent vers Vladivostok où un bateau doit les ramener en Europe… et sur le front où la guerre n’en a pas fini avec eux. Tous ont hâte de rentrer. Mais les aléas de l’Histoire leur réservent encore quelques surprises. Les Russes, plongés dans la tourmente révolutionnaire, stoppent leur train au milieu de la steppe sibérienne. La ligne de chemin de fer n’a qu’une seule voie. Or, les Allemands, suite au traité de paix signé avec les Russes, exigent que tous leurs prisonniers détenus au fin fond de la Sibérie soient rapatriés afin de renforcer leurs troupes sur le front de l’Ouest. L’unique voie est réquisitionnée, au grand dépit de nos Tchèques, qui sont sommés d’attendre au milieu de nulle part. Dans cet endroit improbable, Jaroslav Chveïk retrouve un ami peintre, Pepa Cerny, lui aussi bloqué sur la route du retour.


À travers des détours narratifs intelligemment amenés, l’album s’inscrit tout autant dans un récit d’aventures aux confins du monde que dans cette littérature de l’Europe Centrale qui, sur les ruines fumantes de ses champs de bataille, et sous le bruit grandissant des bottes du fascisme triomphant, entamait son chant du cygne.