Bande dessinée

Paulina Spucches

Rien n'est noir

CL

✒ Clémence Lambard

(Librairie Le Chat pitre, Fécamp)

Le bleu, le rouge et l’orange incendient nos yeux à l’ouverture de ce roman graphique. Instantanément, c’est à Frida Kahlo et au Mexique que l’on pense. Avec son regard fier, son corps cabossé, la peintre se raconte. Il y a d’abord la polio contractée dans son enfance puis son accident de tramway, ses amours libres mais souvent blessants. Il y a évidemment Diego Rivera, le Pygmalion, le monstre sacré, le grand artiste. En devenant son mari, il lui ouvre des portes, l’aide à croire en son art mais la consume à petit feu. Il y a aussi la femme ayant subi de nombreux IVG et une fausse couche. Frida Kahlo utilise cette rage dans son art, notamment dans ses autoportraits. Impossible de regarder une de ses œuvres sans sentir cette colère. En adaptant le roman de Claire Berest, Rien n’est noir, Paulina Spucches nous aide à mieux comprendre la femme et l’artiste. Les doubles pages se transforment en fresque d’une époque. Paulina Spucches dessine la rage de vivre malgré tout. C’est, après son travail sur Viviane Maier et celui sur Anne, la troisième des sœurs Brontë, un album qui confirme son talent et donne furieusement envie de découvrir le prochain.

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